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Chardin dispose avec attention la nourriture des jours de maigre (maquereaux, œufs, poireaux) d’une couleur chaude
Des gris
Chardin multiplie les objets ce qui rend plus délicate leur disposition dans l’espace
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BONNARD
L'heure des bêtes : les chats - 1906
En 1890 Claude terrasse épouse Andrée la sœur cadette de Bonnard
Ddans la propriété familiale du Grand Temps Bonnard les étés participe à la vie des enfants, ses neveux
Ddans cet univers familier les chiens et les chats occupent leur place
Bonnard les a observés avec une acuité particulière
Le chat se retrouve souvent dans ses tableaux comme accessoire de portraits ou de scènes intimistes ou comme modèle à part entière
Dans ce tableau Bonnard accorde tout autant d'importance au chat qu’aux membres de la famille Terrasse
Il s'agit davantage pour lui de saisir l'intimité de la scène que de réaliser un portrait de famille proprement dit
Le voyage – 1906
C'est une grande composition et l’un des quatre panneaux décoratifs que Bonnard exécuta pour l'appartement de Misia Natanson
Le plaisir, l'étude, le jeu et le voyage
Misia Natanson d'origine russe avait divorcé pour épouser le fondateur d'un quotidien à gros tirage « Le matin »
Jolie et musicienne elle fut l'égérie des Nabis et de Toulouse Lautrec
Bonnard et Renoir on fait d'elle de nombreux portraits
Ces quatre panneaux ont été commandés par le collectionneur russe Morosoff
Bonnard était fondamentalement un décorateur
Il avait le goût des grandes surfaces largement dessinées et peintes, des fonds conçus comme des tapisseries
Il aimait la liberté de l'imagination et d'exécution qu’autorise la décoration
Sa dernière œuvre fut une décoration de salle à manger que lui avait demandée un amateur parisien
Une curieuse bordure orangée où circulent des singes et des oiseaux entoure la composition
Plutôt que de raconter une histoire comme il était de tradition dans l'art décoratif Bonnard à groupé un peu au hasard certains thèmes exotiques et marins qui évoquent les plaisirs du voyage et l'attrait des pays lointains
Le plaisir - 1910
Un des quatres panneaux décoratifs exécutés pour la salle à manger de Misia Edwards ( ex Madame Natanson) et qui furent exposés au salon d'automne en 1910
Tableau de 246 par 300 centimètres
Le plaisir qui conte quelques heures de grâce en Arcadie, pays mythique du bonheur parfait, est conçu comme une tapisserie
Une bordure jaune et noire où circulent des singes acrobates, des pies croqueuses de sautoir de perles fines, entoure la composition
Au centre quelques enfants s'amusent autour d'un bassin octogonal
A travers le portail à vantaux ouvert une végétation luxuriante annoncée par un large bouquet jaune
Au premier plan deux jeunes filles habillées de tunique blanche jouent à se lancer une balle
A leurs pieds une petite fille en rouge peinte en aplat
A droite un arbre en pot
Un chat qui dresse la queue
Un homme appuyé contre le portail observe la scène
Le carrelage du sol soudé par des accents de bleu émaillé annonce les futures salles de bains du peintre de même que les grilles ondulantes qui ont déjà une allure art déco
Ni heurts, ni violence. Une seule tache rouge pour la robe de la petite fille
La lumière s'infiltre délicatement sur toute la surface du tableau
Le tableau rappelle par sa construction le « Bonheur de vivre » de Matisse peint l'année précédente
Emma la couturière – 1907
Bonnard a souvent évoqué à ses débuts le labeur domestique et les travaux féminins
Dans son œuvre ni repasseuses, ni blanchisseuses, mais des couturières et des modistes que le peintre observe avec une simplicité attendrie
Ici la jeune femme ne fait rien : elle est venue prendre des mesures ou livrer une robe
Elle a posé son chapeau sur une chaise et pose pour le peintre
Bonnard a placé son personnage au premier plan de la composition dont le centre paraît à peu près vide
Il disait qu'un bon tableau doit être construit autour d'un trou, d'un élément inerte où insignifiant
La composition du tableau est un peu flottante et incertaine malgré la netteté des éléments géométriques
La profondeur est nettement suggérée et la disposition des plans au fond du tableau fait penser à certains Matisse de 1911
La loge – 1908
Ce tableau représente la famille Berheim dans une loge à l'opéra
Gaston et Josse Bernheim sont les fils du galeriste Alexandre Bernheim
Gabrielle, la fille d'Alexandre, épousa en 1899 Félix Vallotton qui amena les Nabis à la galerie, Bonnard en particulier
Les personnages sont aisément identifiables et le peintre a insisté sur l'élégance de la toilette des deux jeunes femmes
Le visage des deux femmes est morne
Elles ne semblent pas intéressées par le spectacle
L'ennui discipliné que manifeste l'attitude des deux personnages suggère une satire de la vie mondaine
Bonnard préfère le cirque et le café-concert
Contraste de couleur entre la partie droite qui est plongée dans l'obscurité et le fond de la scène éclairé d'une lumière chaude
Dessin flou et presque maladroit : le bras de la jeune femme à gauche paraît cassé
Le visage de la silhouette du premier plan est coupé en deux par le bord du tableau ce qui déplut fort au modèle
La tarte aux cerises - 1908
Dans cette grande composition Bonnard traite avec bonheur un de ses sujets de prédilection : le goûter dans le jardin avec une grande table qui est en général assez frugalement servie
On a le sentiment que chez les Bonnard on ne mangeait que des fruits et des gâteaux et que leur hygiène alimentaire devait être assez stricte
La scène donne une impression d’extrême naturel : la jeune femme est en peignoir, la vaisselle est ordinaire et la tarte n'a pas été sortie du moule où elle a été cuite
Bonnard n'a jamais eu le goût des beaux objets ni pour les posséder ni pour les peindre
Le luxe l’intimide et le décor de son œuvre est modeste, banalement petit-bourgeois
Les déjeuners et les pique-niques de Manet sont mondains à côté des siens
Fidèle à son goût pour les plans rapprochés Bonnard a rétréci la scène et bouché l'horizon
Le paysage n'apparait que très timidement à travers le feuillage
L'arbre sur la droite est puissant et affirmé
Il est équilibré à gauche par les bouteilles de sirop
Autorité dans le contraste des trois couleurs sur lequel est construit le tableau :le vert des frondaisons, le bleu de la table et de l'horizon, le rouge de la tarte, des fruits, du peignoir et des fleurs de l'arrière-plan
N'oublions pas le chien dont les yeux sont brillants de convoitise
Les bas noirs - 1908
Assise sur un lit une jeune femme enlève sa chemise et va bientôt rouler sur ses jambes ses bas noirs
La pièce et assez sombre, éclairée seulement par une lampe qui diffuse une chaude lumière sur le devant du lit, sur le torse et sur le haut des cuisses de la jeune femme
Contraste entre les noirs qu’il aime tant et les surfaces éclairées
Le visage de la jeune femme disparaît complètement dans le bouillonnement de l'étoffe
Bonnard et le seul avec Lautrec à traiter les bas noirs non plus en accessoires mais dans leur dignité d'objets comme Chardin fait du gobelet ou d'une chocolatière
Nu à contre-jour - 1908
L'année 1908 est importante dans l’œuvre de Bonnard car on le voit peu à peu revenir à la peinture claire et découvrir la lumière
Il passe d'une conception décorative du paysage au sentiment impressionniste de la nature
Il faut chercher du côté de Degas l'origine du thème dont le succès fut très grand autour de 1900
L'influence sur Bonnard Degas a été importante
Ce qui intéresse Bonnard c'est le rapport du personnage avec l’atmosphère dans laquelle il évolue ainsi que les objets et surtout la lumière
L’air n'est pas chez Bonnard un élément vide
La composition est remarquablement dynamique : le corps de la jeune femme est puissamment modelé et son attitude suggère une sorte d'élan passionné vers la lumière ce qui est rare chez Bonnard dont les nus sont en général dépourvus de tout sentiment apparent
Nu à contre-jour - 1908
En 1908 Bonnard abandonne le style intimiste de ses débuts pour un sentiment plus impressionniste de la nature
Il commence à explorer le thème du nu qui restera le motif central de son œuvre
Le plus souvent le modèle est Marthe
La lumière opalescente qui entre par la fenêtre unifie les rideaux, les draps, le papier peint
Le corps nu se détache en silhouette sur ce fond de lumière diffuse
Le modèle se tient debout dans une attitude heureuse face à l'écran lumineux des rideaux
Elle tient à la main un flacon et elle se parfume C’est une figure solide que la lumière embrase sans la dissoudre
Sa pose évoque les nus grecs du 4e siècle
La pose et le déhanchement devient un symbole de désir
On remarque le reflet dans le miroir
Le modèle est transformé dans le miroir pour atteindre l’intemporalité de la statuaire grecque
Après 1900 les miroirs devient un élément important dans l’œuvre de Bonnard
« Le miroir est l'instrument d'une magie universelle qui change les choses en spectacle, les spectacles en chose »
Pour Bonnard le miroir amplifie la réalité et crée une sensation de richesse et de prolifération
Il y a aussi le miroir du tub constitué par la surface réfléchissante de l'eau
Nu à contre-jour - 1908
Bonnard change de style : il passe du naturalisme sombre des toiles 1900 à 1906 à la lumière de la couleur
Le salon d’Automne 1905 a révélé les Fauves
Influence des femmes aux bains de Degas ?
Le modèle est Marthe qui au fil des ans ne cessa de se récurer avec une totale indifférence pour le voyeur
Il ne sera jamais question de prendre la pose
La lumière est chatoyante
Elle unifie r les rideaux, le dessus de lit et le papier peint
Dans une totale intimité le modèle se tient debout et s’asperge de parfum
La pose et le déhanchement rappellent l'intérêt que Bonnard portait à la statuaire grecque
Le miroir est un outil qui lui permet de briser la continuité de la perspective et d'articuler deux espaces l'un sur l'autre
La glace du cabinet de toilette - 1908
Bonnard utilise les miroirs pour ajouter une dimension à ses toiles, agrandir l'espace et pour faire tomber les barrières qui séparent le tableau et la vie
La glace devient une métaphore des facettes multiples de la réalité
Le miroir permet de suggérer d'autres lectures du nu faisant souvent référence au statues classiques confrontant la chair vivante avec un reflet figé
Ici l'action se situe au niveau du seul miroir
La lumière vient de la fenêtre à droite et fait vibrer tous les bleus des objets posés sur la table
Le nu se trouve comprimé dans le cadre à droite du tableau
Ses formes plantureuses s'opposent à celles de la femme que nous apercevons à gauche
Celle-ci tient une tasse de café et regarde dans notre direction
Le miroir ajoute en intimité en montrant la pièce fermée
Il nous enferme entre ce qui est devant et ce qui est derrière
Bonnard ouvre le mur où le miroir est placé instituant ainsi un prolongement
Portrait de Marie Godebska - 1908
Misia Godebska fut l'égérie du groupe des Nabis, admirée par Cocteau, Proust, Diaghilev et Coco Chanel
Excellente pianiste elle fut l'élève de Gabriel Fauré
Sa mère meurt en la mettant au monde le 30 mars 1872 et son père s'enfuit
Elle épousa en 1893 (21 ans) Thadée Natanson, coéditeur de la Revue Blanche qui lui ouvre les portes d'un nouveau monde
Ils reçoivent régulièrement peintres et poètes
C'est grâce aux Nathanson que Bonnard a pu se faire un cercle de connaissances et de relations
En 1905 Missia divorce et se remarie deux fois Elle terminera sa vie à moitié aveugle et sous l'emprise de la drogue en 1950 à 78 ans
Son portrait est un hommage au peintre du dix-huitième siècle
L'esprit de Fragonard, de Boucher ou de Watteau se retrouve dans les gris et dans les roses de la robe mais aussi dans le profil mélancolique de la jeune femme
La tarte aux cerises - 1908
La scène donne un sentiment de naturel et de proximité
La jeune femme accoudée ne semble pas étonnée de la présence de l'homme qui vient dans sa direction
La vaisselle est ordinaire et la tarte n'a pas été sortie de son moule
Bonnard n'a jamais eu le goût des objets de luxe, ni pour les posséder ni pour les peindre
Par l'utilisation de plans rapprochés Bonnard rétrécit la scène et condamnent l'horizon par d’épaisses frondaisons
L'ombre puissamment affirmée à droite est équilibrée par les bouteilles posées à gauche sur la table
Le vent du feuillage fait écran au paysage pour que l'attention se concentre sur la table
Le vert s'oppose au blanc bleuté de la nappe et au rouge du vêtement de la femme et des cerises
Un chien dont on ne voit que les yeux brillants de convoitise pour le gâteau qui est devant lui
On a l'impression que le triangle de la tarte suggère la langue de l'animal
L'orage - 1908
Au printemps 1907 Bonnard s'installe à Vernouillet dans les Yvelines
Il habite une petite maison basse « les Carrières »
Chez Bonnard la présence humaine se résume le plus souvent à de petites silhouettes rapidement brossées qui se fondent dans la nature environnante
Il faut prendre son temps pour découvrir ceux qui s'y cachent
Au premier plan une petite tache rouge contrastant avec le vert de la végétation attire l'attention
Il faut du temps pour percevoir la présence de deux enfants surpris par l'orage et qui s'apprêtent à franchir un portail grand ouvert
Une éclaircie s'annonce, dans la partie gauche le ciel commence à se dégager
Les feuillages des arbres prennent leur couleur dorées : l'été est déjà bien avancé
L'orage - 1908
Au printemps 1907 Bonnard s'installe à Vernouillet dans les Yvelines
Il habite une petite maison basse « les Carrières »
Chez Bonnard la présence humaine se résume le plus souvent à de petites silhouettes rapidement brossées qui se fondent dans la nature environnante
Il faut prendre son temps pour découvrir ceux qui s'y cachent
Au premier plan une petite tache rouge contrastant avec le vert de la végétation attire l'attention
Il faut du temps pour percevoir la présence de deux enfants surpris par l'orage et qui s'apprêtent à franchir un portail grand ouvert
Une éclaircie s'annonce, dans la partie gauche le ciel commence à se dégager
Les feuillages des arbres prennent leur couleur dorées : l'été est déjà bien avancé
Vue de Saint-Tropez - 1910
Saint-Tropez était un petit port de pêcheurs entièrement isolé du reste de la côte
Signac le découvrit au début du siècle et, séduit par la beauté et la solitude du lieu, il acheta une maison et installa son atelier
Sa présence attira à Saint-Tropez de nombreux peintres dont Marquet et Manguin
Ce tableau représente la villa de Manguin Il marque le premier contact du peintre avec le paysage méditerranéen
Le paysage se réduit à une scène de jardin et n'apparait qu'en arrière-plan sous la forme d'une bande vivement colorée à gauche de l'arbre qui occupe le centre de la composition
Le tableau est d'une remarquable intensité lumineuse et donne bien l'impression de l’atmosphère du Midi de la France où l'on vit plus dans la fraîcheur et la demi-obscurité du jardin en plein soleil
Vue de Saint-Tropez - 1909
L’allée
En juin 1909 Bonnard part pour Saint-Tropez qui n'est qu'un petit port de pêche isolé du reste de la côte
Signac arrivé en 1892 y attire Marquet et Manguin et d'autres peintres
Le tableau représente le jardin de la villa de Manguin, à gauche de l'arbre centrale
Malgré les feuillages qui obstruent le lointain, la composition par son intense luminosité traduit l’atmosphère du Midi de la France où l'on vit davantage à l'ombre qu'en plein soleil
Le tub – 1915
La glace est légèrement inclinée et vue en diagonale
La cuvette et le tub paraissent d'une importance démesurée et c'est ce déséquilibre qui fait le sujet du tableau
Le personnage principal est repoussé à gauche de la composition et la courbe de son corps équilibre celle du tub et de la cuvette
Dans le rectangle du miroir Bonnard pour créer la profondeur a inscrit un triangle dont les deux côtés formés l'un par le lit l'autre par le porte serviette et le profil du modèle aboutissent à la chaise et au plateau du petit déjeuner qui ferment la composition
La brosse et les bouteilles placés sur la table de toilette marquent nettement le plan de la réalité par rapport à celui de l'image
L'image que renvoie le miroir vers le spectateur n'est nullement brouillée et Bonnard n'a pas cherché à créer une atmosphère de mystère ou de bizarrerie poétique
Les objets ne viennent jamais vers nous nous pour nous brutaliser
Bonnard aime la diagonale et l’oblique
Il désarticule les volumes
Effet de glace le tub - 1909
Un des plus novateurs miroirs de Bonnard
Le tub, ,le miroir et le nu lui-même n'existent que sous forme de reflets dans le miroir
Des flacons et des brosses sur le bord de la table de la toilette sont peints d'une façon imprécise alors qu'ils se trouvent dans l'espace de l'observateur présumé, l'espace du monde réel
Le miroir amplifie le retrait de la femme dans un monde intérieur, dans l'absorption silencieuse en elle-même
Elle est vue exclusivement à travers son reflet dans la glace et semble inconsciente de la présence du peintre
Influence de Degas dans le choix du sujet (la toilette) et dans la volonté d'un dessin vigoureux L'attitude penchée du corps répète les courbes de la cuvette et du tub
Le porte-serviette et le plateau font contrepoint à la surface plane du miroir et de son cadre
Les nus de Degas influencèrent Bonnard par :
- la concentration presque animale du modèle
- la totale ignorance du regard extérieur
- la composition inhabituelle
La nappe à carreaux rouges - 1910
La nappe est l'élément principal de cette toile
Les objets sont déportés vers les bords de la nappe et de la toile
Le plan de la table est redressé presque à la verticale de façon à occuper la majeure partie de la composition
Le motif de la nappe à carreaux apparaît souvent chez Bonnard. Ce motif envahit tout l'espace disponible de ce tableau
Les objets ne sont pas tous vu sous le même angle : la jeune femme et la cafetière sont au niveau de l'oeil du spectateur, la table est nettement au-dessous et un plan du premier plan apparaît tout à fait vertical
Le goût de Bonnard pour le motif des carreaux remonte sa période Nabi
La nappe à carreaux rouge - 1910
Bonnard représente avec simplicité et tendresse les objets et les êtres qui l'entourent : Marthe qui est sa compagne, son chien qui reste le museau au-dessus de la table, une cafetière, un pot à lait, des serviettes, une grande nappe à carreaux de tissu bon marché comme il y en a partout dans les cuisines et les salles à manger en France à l'époque
Le motif des carreaux est le sujet principal de la toile et deviendra dans son œuvre le sujet d’innombrables variations
Le tableau incline vers la droite comme pour nous faire suivre le regard du chien Dans le museau sombre un contraste avec la lumière qui sur la droite éclaire les objets
Les objets ne sont pas tous vus sous le même angle : la jeune femme et la cafetière sont à peu près au niveau de l'oeil du spectateur tandis que la table est vue nettement au-dessous et qu'un plat du premier plan apparaît tout à fait vertical
Il est difficile de ne pas voir une influence de Cézanne
Cézanne insistait sur le modelé mais Bonnard a toujours eu une certaine aversion pour le modeler
Nu à la lampe - 1910
Les nus de Bonnard ne donnent presque jamais l'impression d'avoir été posés par un modèle professionnel
Cette jeune femme qui achève de se déshabiller est évidemment le contraire d'un nu académique
Le dessin est un peu flou mais la lumière de la lampe modèle puissamment le torse
À cette époque les nus de Bonnard sont à peu près du même type physique : une très jeune femme menue de proportions mais robuste
Bonnard ne dessine jamais les articulations qu'il jugeait disgracieuses
La nudité est en effet toujours discrète et recueillie
I a rarement introduit le nu dans le paysage
La chambre et le cabinet de toilette sont le domaine naturel tiède, chaud et tranquille de la femme
Le thème de la joie de vivre, de l'ivresse physique de la danse n'a jamais intéressé Bonnard
Nu au couvre-pied
Nu à la toque - 1911
Bonnard est revenu ici au grand format en hauteur qu’il a souvent pratiqué avant 1900 et qui indique bien l'intention décorative des deux tableaux
Le dessin et le modelé sont assez négligés
La luminosité éclatante et joyeuse de l'ensemble montre que Bonnard a regardé du côté de Renoir et de l'impressionnisme
Le couvre-pied est de premier ordre et la luminosité est éclatante
Marine à Arcachon - 1911
En décembre 1909 Bonnard part pour Arcachon Il va rejoindre son ami et futur beau-frère Claude Terrasse, jeune professeur de musique
« J’emporte ma boîte à couleurs et des flots de vert, de bleu et de jaune vont couler »
Fenêtre ouverte sur la Seine à Vernonnet - 1912
Le thème de la fenêtre ou de la porte-fenêtre sur l'extérieur inspira Bonnard plusieurs tableaux
Par sa géométrie rigoureuse cette fenêtre est le principe organisateur de la composition
La dominante des lignes verticales constituent une solide armature sur laquelle Bonnard cherche à s'appuyer
Cette fenêtre fait communiquer avec l'extérieur un univers intime
Les branchages du second plan semblent pénétrer dans la pièce envahie de lumière
Au loin on voit la Seine puis les champs
Un monde domestique suppose un monde ouvert sur l'espace
Ordre à l'intérieur et désordre végétal à l'extérieur
Opposition entre la luminosité froide du paysage et les orangers de l'intérieur qui réchauffent l’atmosphère
Au bord droite un personnage féminin vu de dos
Dualité entre l'horizon illimité et l'univers privé de l'artiste
Fenêtre ouverte sur la Seine à Vernon - 1911
En 1910 Pierre et Marthe Bonnard louent à Vernon une petite maison qu'ils achètent en 1912 « La Roulotte »
Bonnard aime cadrer son tableau dans une combinaison d'ouvertures
Le salon du premier étage s'ouvre par une large fenêtre et une porte-fenêtre découvrant un paysage à l'infini
Bonnard joue sur le contraste entre la lumière venue de l'extérieur et celle de l'intérieur plus sombre qui finissent par s'unir en abolissant la perspective traditionnelle
Deux mondes s'opposent : l'intérieur avec son univers domestique et intimiste et l'extérieur avec une présence marquée de la nature et son désordre végétal
Bonnard découvre par cette fenêtre son intimité qui communie avec l'extérieur. Cette communion se réalise par la diffusion de la lumière qui embrase les murs de la pièce jusqu’ à la table sur laquelle se détache un simple papier blanc
A droite on devine la silhouette de Marthe qui semble sortir
En 1912 Bonnard achète la toile de son ami Matisse « Fenêtre ouverte à Collioure »
Pour Bonnard et Matisse la peinture n'est jamais une construction complètement intellectuelle car elle est tenue par la perception traditionnelle
Matisse a dit « Sans sincérité il n'y a pas d'œuvre authentique »
Fréquente chez Bonnard des figures cachées (ici c'est le chien sur la chaise) accentuent le sentiment de totale soumission à la couleur
Vue du balcon sur la Seine - 1911
Ce tableau est l'esquisse de la partie centrale de « Fenêtre ouverte sur la Seine »
La forme des nuages et l'implantation de la végétation identique au tableau final prouvent que Bonnard ne travaille pas sur le motif. Il se sert de ses notes dessinées ou peintes pour mémoriser sa première sensation
L'été en Normandie - 1912
Une œuvre de la série des vastes compositions décoratives que Bonnard réalise entre 1900 et 1920
Une des peintures les plus impressionnistes de Bonnard sans pour autant qu’il se soumettre au principe de plein air qui fait la particularisme du mouvement
Tout chez Bonnard se réalise de mémoire
La conversation entre deux femmes est le thème principal
Bonnard veut surtout exprimer sa sensibilité pour la nature et l'harmonie qu’elle instaure
« La beauté c'est la satisfaction de la vision »
La scène se déroule sur la terrasse de « la Roulotte »
Au premier plan Marthe est installée dans une chaise longue, un chien à ses pieds, il s'agit d’Ubu, le basset de Bonnard
Le distinguer dans la masse sombre des étoffes demande un effort
Face à elle est assise une autre femme, placée, elle en pleine lumière, chacune dans sa posture se fond avec son environnement
Le temps semble arrêté. On perçoit la lourdeur de cet été normand
Les dégradés de vert d'une grande richesse donnent toute sa force au tableau
Le grand dais dont les pieds encadrent la scène donne une dimension presque théâtrale
Bonnard plonge le premier plan dans l'ombre pour mettre en valeur le second, conférant au paysage toute son importance
La salle à manger à la campagne - 1913
En 1912 Bonnard achète une maison dans la vallée de la Seine à Vernonnet devenant ainsi le voisin de Monet
Il appelle sa maison de campagne « ma Roulotte »
La salle à manger et largement ouverte sur la nature. Elle était emplie d'une chaude lumière et pleine du charme de l'intimité quotidienne
Le paysage pénètre dans la pièce
La dominante des lignes verticales et horizontales constitue une solide armature : lignes droites de la porte, de la fenêtre, du buffet et de la chaise longue scandée par l’ arrondi parfait de la table et des trois petites assiette de fruits
En 1912 Bonnard doute « la couleur m'avait entraîné et je lui sacrifiais presque inconsciemment la forme. Mais il est bien vrai que la forme existe … c'est donc le dessin qu'il me faut étudier »
Dans ce tableau les couleurs à dominante orangée atténuent la rigueur des formes
Le paysage s'étire au loin dans une atmosphère vaporeuse noyée dans une luminosité et une chaleur estivales qui contrastent avec le calme de l'Intérieur
Cette lumière éblouissante envahit la pièce et intensifie les couleurs
Seules sont présences vivante : une jeune femme accoudée au bord de la fenêtre et deux petits chats sur les sièges
La nappe blanche aux reflets bleutés contraste avec la dominante orangée des murs et de la blouse de la femme
Atmosphère de silence et d'apaisement
La salle à manger de campagne - 1913
Cette vaste toile (160 par 194) représente la salle à manger de la maison de campagne « Ma roulotte » il avait acheté en 1912 à Vernonnet sur la rive droite de la Seine
Bonnard est resté au rez de chaussée et le paysage ne fait dans son œuvre qu’une apparition assez timide comme toile de fond aperçue à travers la porte et la fenêtre grande ouverte
Toute la composition est fondée sur le contraste entre le dehors et le dedans, entre les tonalités fraîches vivement nuancées du paysage et l'architecture plus rigide
La couleur plus intime est disposée en larges aplats
De la scène d'intérieur Bonnard a accentué ce contraste en équilibrant la porte au dessin si nettement géométrique par un arbre particulièrement frêle qui apparaît dans la partie droite
Présence charmante de la jeune femme qui du jardin s'appuie au rebord de la fenêtre et dont le corsage rouge reprend dans le paysage la tonalité des murs Bonnard se préoccupe des problèmes de construction qui vont devenir sa principale préoccupation dans les années suivantes
La couleur de la table équilibre celle du ciel lointain et contraste avec le rouge de l'Intérieur
Table de toilette et miroir - 1913
Le miroir semble planer dans l'espace central de la composition
La table de toilette est pleinement visible
Bonnard veut nous convaincre de la réalité de l'existence de cette image
Bonnard veut nous faire croire en la passivité du peintre qui se contente de nous révéler le monde tel qu'il est : disposition banale des objets sur la table
La table de toilette et la nature morte qu’elle supporte existent dans l'espace « palpable » de l'avant-plan
Bonnard bouleverse notre façon de percevoir le monde :
- le reflet dans le miroir a une clarté de contour, une plus grande réalité que la table de toilette elle-même
- la table de toilette est rendue avec beaucoup de légèreté dans la touche : les blancs bleutés créent une sensation de flottement aérien qui contraste avec les contours énergiquement délimités et les coloris vigoureux de l'image réfléchie
Le corsage orange - 1913
Ce portrait est un des plus émouvants que Bonnard ait consacré à celle qui fut l'unique compagne de sa vie
Son véritable nom était Marie Boursin Mais elle se faisait appeler Marthe de Méligny et se disait italienne
Lorsque Bonnard la rencontra elle travaillait dans une entreprise de fleurs artificielles et posait aussi comme modèle Bonnard se lia aussitôt avec elle d'un attachement définitif
Ils ne se sont mariés qu'assez tard en 1925
Marthe semble avoir été une femme assez curieuse, artistiquement assez doué
Elle peignait convenablement elle-même et elle aimait la peinture de son mari
Elle était de santé fragile périodiquement condamnée par les médecins
Son besoin constant de vacances et de changement d'air joint à une humeur assez capricieuse explique les fréquents voyages du couple
Elle était animée d'un sentiment de persécution qui l'amenait à se défier des meilleurs amis du peintre et obligea celui-ci à vivre dans une retraite à peu près totale
Bonnard lui doit beaucoup elle posa pour de nombreux nus et ses cabinets de toilette et ses baignoires introduisirent dans l’œuvre de Bonnard l'hygiène méticuleuse et la coquetterie de Marthe
Le portrait est frappant par son atmosphère de chaude intimité et de langueur qui dit très bien le caractère de la jeune femme
Le visage de la femme chez Bonnard n'exprime jamais rien sinon une sorte de rêverie sans objet
Le corsage orange - 1913
Ce portrait est un des plus émouvants que Bonnard ait consacré à celle qui fut l'unique compagne de sa vie
Son véritable nom était Marie Boursin Mais elle se faisait appeler Marthe de Méligny et se disait italienne
Lorsque Bonnard la rencontra elle travaillait dans une entreprise de fleurs artificielles et posait aussi comme modèle Bonnard se lia aussitôt avec elle d'un attachement définitif
Ils ne se sont mariés qu'assez tard en 1925
Marthe semble avoir été une femme assez curieuse, artistiquement assez doué
Elle peignait convenablement elle-même et elle aimait la peinture de son mari
Elle était de santé fragile périodiquement condamnée par les médecins
Son besoin constant de vacances et de changement d'air joint à une humeur assez capricieuse explique les fréquents voyages du couple
Elle était animée d'un sentiment de persécution qui l'amenait à se défier des meilleurs amis du peintre et obligea celui-ci à vivre dans une retraite à peu près totale
Bonnard lui doit beaucoup elle posa pour de nombreux nus et ses cabinets de toilette et ses baignoires introduisirent dans l’œuvre de Bonnard l'hygiène méticuleuse et la coquetterie de Marthe
Le portrait est frappant par son atmosphère de chaude intimité et de langueur qui dit très bien le caractère de la jeune femme
Le visage de la femme chez Bonnard n'exprime jamais rien sinon une sorte de rêverie sans objet
La terrasse - 1914
Bonnard n'aimait pas sentir la main de l'homme dans la nature
Ses jardins de Vernon ou du Cannet étaient toujours envahis d'une végétation luxuriante
Terrasse du jardin de sa villa « ma Roulotte » à Vernonnet
Composition très contrôlée car pour Bonnard la structure est une préoccupation essentielle durant les années de la guerre 14-18
Les masses des arbres sont équilibrées par les motifs que dessinent les briques des deux murets placés symétriquement
La terrasse se détache nettement de la végétation du jardin
Le soir la sieste - 1914
Dans un jardin méridional
En fait nous sommes dans la région de Vernon Bonnard était coutumier de ces transpositions
Il aimait représenter des jeunes femmes alanguies dans des fauteuils de toile se laissant envahir par l’indolence des heures chaudes
Les femmes et fillettes sont vues à mi-corps
La dormeuse occupe le centre du tableau
Derrière elles le jardin s'étire jusqu'au jusqu'au rideau d'arbres qui longe la rivière
Un chemin blanc se dresse au fond de la composition et sa verticalité contrarie l'effet de profondeur
Un critique « Bonnard ne se prive d'aucune liberté dans l'agencement des formes et des couleurs »
Paysage près de Vernon - 1915
Depuis 1912 Bonnard vit le plus souvent à Vernon
Il reçoit souvent la visite de Monet qui vient avec sa belle-fille Blanche
A leur tour les Bonnard se rendent à Giverny où ils font un très bon déjeuner
Les couleurs ne sont peut-être pas aussi naturelles qu'on pourrait le croire et les accents oranger du premier plan sont peut-être plus symbolistes qu’impressionnistes
Bonnard fait des progrès en direction de la réalité
Le paysage n'a plus rien de décoratif,
le ciel s'est allégé, l'horizon est plus vaste, la vision plus large et plus directe et l'air semble circuler à travers les masses mouvantes des arbres
La meule
Marthe Bonnard et une amie - 1916
Bonnard admirait Monet à qui il rendait souvent visite à Giverny
En août 1913 il achète « ma Roulotte » près de Vernon
C'est à Giverny que Monet avait peint en 1890 sa série des Meules
Bonnard cherche à maîtriser « cette couleur qui vous affole »
Pour Bonnard « le dessin c'est la sensation, la couleur c'est le raisonnement »
Pour Monet les meules représentées durant les diverses saisons de l'année étaient un prétexte pour traduire la déliquescence des formes et de la couleur dans la lumière
Dans la composition de Bonnard la meule n'est pas le sujet seul du tableau, ni le support de toute une théorie picturale
Elle est l'élément d'un paysage champêtre
La lumière embrase les personnages sans les dissoudre
En intégrant forme et structure dans une atmosphère lumineuse sans pour autant s'écarter du réalisme Bonnard va au-delà de l'Impressionnisme
Menu de maigre
Chardin dispose avec attention la nourriture des jours de maigre (maquereaux, œufs, poireaux) d’une couleur chaude
Des gris
Chardin multiplie les objets ce qui rend plus délicate leur disposition dans l’espace
Menu de maigre
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Des gris
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