Menu de maigre
Chardin dispose avec attention la nourriture des jours de maigre (maquereaux, œufs, poireaux) d’une couleur chaude
Des gris
Chardin multiplie les objets ce qui rend plus délicate leur disposition dans l’espace
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BONNARD
Le petit déjeuner au radiateur - 1930
Cet intérieur représente le salon du premier étage de la maison du Bosquet au Cannet
Cette enfilade de pièces à l'abri des regards extérieurs et le domaine de Marthe
La composition est rythmée par un jeu de verticales ( le radiateur, la fenêtre, le balcon, le miroir et la porte de la chambre de Marthe)
La fenêtre est un élément du dialogue entre intérieur et extérieur
Le miroir perturbe l’approche spatiale
La couleur lumière envahit l'ensemble de la toile
Marthe dans une posture de repli familière prend son petit-déjeuner
Bonnard dont le reflet s'évanouit dans le miroir derrière elle semble observer, attentif
La lumière imprègne les lieux et baigne d'une atmosphère sereine ce moment d'intimité
La lumière entre à profusion dans la pièce et métamorphose le jaune des murs
Importance disproportionnée du radiateur
Le mur de gauche définit toute une palette de couleurs
Seule Marthe au premier plan semble étrangère à cette symphonie colorée qui se joue autour d'elle
Son visage légèrement dans l'ombre accentue cette mise à l'écart
nature morte et paysage - 1930
Cette gouache a été réalisée à Arcachon, la villa Castellamare
Bonnard a aimé parcourir certaines régions et louer des maisons confortables pourvues d'un bel environnement naturel
Bonnard peint souvent un même sujet mais ce qui l'intéresse c'est l'apparition ou la disparition de certains acteurs du tableau avec un cadrage en plus ou moins gros plan d'une même scène
Importance accordée à la porte-fenêtre, à la géométrie de son encadrement et à la balustrade du balcon
Mais l'attention du peintre se porte sur le premier plan du tableau
Le paysage extérieur est baigné par une lumière assez floue alors que s'imposent les objets et les fruits sur la table
Les tons chauds et froids s'associent à l'intérieur et à l'extérieur pour former un même plan
Par sa composition et ses couleurs le tableau reflète un moment de paix
Le pot provençal -1930
C’est dans les natures-mortes de Bonnard que l'on sent le mieux la modestie de ses intentions artistiques et son indifférence à la grande peinture
Pour Matisse, Picasso, Braque la nature-morte est un moyen d'organiser de somptueuses compositions de couleurs et de formes
Rien de tel chez Bonnard
Il ne présente pas ce pot provençal tout à fait de face, il l’enfonce dans une encoignure, il dessine pauvrement son anse
Bonnard n'a nullement cherché à nous cacher que c'était une vulgaire carafe
Loin de dégager l'élément central de la composition Bonnard l’a encombré d'éléments qui nuisent un peu à l'équilibre de l'ensemble : l'ombre du pot sur le mur, la bassine à gauche et surtout ce bras de femme dont l'apparition correspond à une habitude chère au peintre de couper de façon abrupte le tableau pour donner l'impression que la scène se prolonge hors des limites de la toile
Bonnard a seulement voulu noter dans ce tableau la puissance et le mystère que la couleur et l'ombre donnent aux objets les plus insignifiants
Portrait d'enfant -1930
Les portraits d'enfants sont fréquents dans les premières années de Bonnard qui s'est souvent amusé à observer les enfants de sa sœur et de ses amis dans leurs jeux et leurs occupations quotidiennes
La famille Terrasse a été un de ses sujets de prédilection
Le ménage Bonnard n’aura pas d’enfants
Picasso transforme les enfants en personnages féériques
Bonnard avec un minimum de déformation a fait de cette petite fille un symbole de l'enfance remarquable par sa puissance lyrique et son intensité d'expression
C'est l'un des rares visages par bonheur sur lequel se lise un sentiment de joie de vivre, la joie d'être assis sur le banc que traverse un rayon de soleil, la joie de respirer les parfums du jardin, la joie d’avoir son chien près de soi
Paysage de Normandie - 1930
Vallée de la Seine aux environs de Vernon
La végétation luxuriante est évoquée par des touches de couleurs vives très diversifiés que rehausse la blancheur bleutée du ciel et de la rivière
Bonnard « Dans tout paysage il faut une certaine quantité de ciel et de terrain, d'eau et de verdure »
La sortie de la baignoire -1930
Le modèle est surpris dans une sorte de tension animale, saisi dans toutes les déformations du mouvement et de l'effort
L'élan du corps est souligné par la perspective allongée de la baignoire
Lumière blanche qui inonde toute la pièce
Moulin à café - 1930
Richesse des coloris fondus dans une gamme or et caramel
Fond d’éclatante blancheur
Objets perçus selon des points de vue différents La cafetière est vue de profil, le moulin à café de trois quarts et l'assiette en plan
Un quadrillage d’horizontales et de verticales articule la toile et se répète dans la nappe à carreaux
Bonnard n'a jamais eu le goût des beaux objets, ni pour les posséder, ni pour les peindre. Le luxe l'intimide et le décor de son œuvre est modeste
Portrait de l’artiste par lui-même - 1930
Bonnard a peint une douzaine de portraits de lui-même
Celui-ci a été fait au crayon et à la gouache
L’artiste s'est montré en buste de trois quarts, à gauche
Vive expression de l'attention
Influence du portrait de « Chardin au chevalet »
Le boxeur - 1931
On ne trouve rien de léger dans les autoportraits de Bonnard
Isolés de tout contexte particulier ils révèlent la face la plus obscure du tempérament de l'artiste
Bonnard se représente sans aucune complaisance
Torse nu devant la glace, ses bras chétifs sont pathétiquement en position de garde
Les poings fermés et serrés, le visage baissé, l'artiste s'apprête à vaincre sans grande conviction un adversaire invisible
En dépit de cette apparente agressivité, c'est plutôt un sentiment de tristesse qui se dégage de cette œuvre
Le boxeur - 1931
Bonnard affirme une grande humilité
Les autoportraits ne montrent aucune impression de complaisance
Torse nu devant une glace, les poings fermés et levés, le visage baissé à contre-jour
Le peintre a traduit une tristesse profonde
Nu à la baignoire - 1931
Opposition du dessin géométrique des carreaux et des formes abandonnées des étoffes et des lingeries
La couleur réalise l'unité du tableau dans la lumière
La toilette - 1931
Un dessin a précédé cette grande toile
Bonnard selon son habitude a modifié certains détails du dessin
Dans le dessin le modèle s'essuie les épaules, dans le tableau il tient la serviette à la main
Dans le dessin mais pas dans le tableau une chaise a été ajoutée, les fruits sont posés sur la table et on voit des motifs de tentures
Marine Cannes - 1931
Bonnard passe les étés en Normandie et les hivers dans le Midi
Grande puissance chromatique
La mer d'un bleu profond aux riches modulations mauves laisse miroiter à sa surface les effets argentés de la lumière dessinant une bande étrange
Seules quelques voiles animent l'espace immobile
La lumière tombe comme une pluie d'or sur le paysage marin
A une construction sophistiquée et artificielle Bonnard préfère l'apparente simplicité des choses dominée par sa sensation brute
Les différentes bandes de construction horizontales du ciel, de la mer et du rivage se fondent les unes aux autres
A l'horizon l'Estérel se décide
Au premier plan à gauche du tableau deux figures se distinguent grâce au cercle orange d'une ombrelle tel un disque solaire dont les accents lumineux donnent à ces visiteurs inattendus une apparence quasi fantomatique
Les combinaisons de la lumière et des couleurs évoquent le lyrisme abstrait des séries ultime de Monet
Le grand nu jaune - 1931
La position du modèle est empruntée à la Vénus des Médicis
Le corps de la jeune femme vu à contre-jour est balayé par la diagonale d'un rayon lumineux qui provient de la fenêtre à droite
Tout est devenu jaune
Dans cette toile vraisemblablement inachevée la couleur devient une sorte d'équivalent poétique de la lumière
Bonnard prend soin de rendre les ombres, les reflets et les différentes intensités colorées
Il laisse des zones en réserve : les rideaux, la table, le linge posé sur le fauteuil
Le geste de la jeune femme qui porte des souliers à talons est très personnel
Un marchand de l’artiste lui disait devant une toile de Signac « il y a beaucoup de jaune ».
Bonnard répondait « O n'en met jamais trop »
Le cabinet de toilette -1932
La lumière qui entre par la fenêtre de la salle de bain éclaire la partie gauche de la composition et la partie droite en paraît un peu plus sombre
Extraordinaire liberté de la couleur qui fait que les carreaux de la salle de bain sont bleus à gauche orangés à droite
Les formes sont assez confuses sauf lorsqu'elles présentent des éléments géométriques
Le tableau est une mosaïque de couleurs savamment assemblées avec une délectation évidente dans les variations raffinées de ces bleus, de ces mauves, de ces lilas, de ces roses orangés qui sont désormais la base de la palette de Bonnard
Ce cabinet de toilette est un fouillis invraisemblable dans une profusion d'ustensiles plus ou moins identifiables au milieu desquels le réveil paraît comme un rappel ironique et sans espoir d'exactitude
La position du modèle est séduisante et originale
En se penchant en avant et en inclinant la tête elle dessine une diagonale contraire à celle que décrivent la baignoire et la table de toilette
L’œil gauche est entraîné vers la fenêtre alors que le regard à droite et ramené vers le premier plan
La composition est équilibrée au centre par le tabouret et le chien
A gauche les droites et la stabilité dominent, à droite les courbes et le mouvement
Bonnard achète le 27 février 1926 une maison au Cannet au sommet d'un coteau dominant la baie de Cannes « Le Bosquet »
Cette maison offre à Bonnard matière à peindre pour le reste de sa vie
Pour structurer la composition Bonnard utilise des verticales
Il mêle une perspective lointaine vue de la porte fenêtre ouverte et l'intimité de la pièce où se trouve Marthe
Penchée, dos arrondi, elle s'affaire autour d'un petit chat
Les blancs, blanc bleuté, blanc nacré, font circuler la lumière et augmentent l'intensité des verts, des orangers et des jaunes
Une atmosphère de calme imprègne la pièce
Dans cet univers confiné l'échappée verdoyante et luxuriante reste la seule intrusion du monde extérieur
Intérieur blanc - 1932
Il s'agit de la maison « le Bosquet » sise au Cannet au sommet d'un coteau dominant la baie de Cannes que Bonnard acheta en 1925 on retrouve
On retrouve on retrouve : les verticales qui structurent la composition, une perspective lointaine vue à travers la fenêtre et un univers quotidien intime
Le blanc domine nettement la composition
Bonnard « le blanc est destiné à rendre lumineuse des taches très colorées »
Forte densité des verts, des orangers et des jaunes
Buste arrondi d'une jeune femme, penchée sur un petit chat, peinte dans les mêmes tons que le carrelage du sol
A travers la porte-fenêtre échappée verdoyante et luxuriante
Compotier et assiette de fruits - 1932
Le blanc crayeux de la nappe fait vibrer les couleurs
La surface de l'étoffe est diaprée de mauves, de bleus, de roses et de tons orangés
L'ensemble paraît flotter dans l'espace, dénué de poids
Emerveillement du peintre devant le velouté de ces fruits, devant le luxe des choses les plus familières
En bas une ligne avec dans l'angle gauche le museau d'un chat et à droite le basset de Bonnard
Une bande rouge dans la partie supérieure
La salle à manger sur le jardin - 1932
Une table servie devant une porte-fenêtre donnant sur un paysage lumineux
Bonnard et sa femme séjournèrent à Arcachon d'octobre 1930 à avril 1931
Composition architecturée par les montants de la fenêtre, le balcon à balustres et la table rectangulaire dont la perspective est redressée
Les objets apparaissent ainsi plus proches et nous font pénétrer immédiatement dans la scène
Le blanc bleuté de la nappe contraste avec les tons vifs et intenses des objets
Paysage extérieur baigné d'une chaude lumière automnale
Sur le côté gauche une forme féminine sur un fond de croisillons décoratifs
Présence imprécise comme souvent chez Bonnard dans les scènes d'intérieur
Atmosphère paisible et silencieuse
Nu au gant de crin - 1932
Thème de la toilette transposé en fait féerie de lumière
Femme montrée dans la simplicité et le naturel de son attitude
Contraste entre les taches rondes du sol et les verticales et les horizontales de l'arrière-plan
Paysage à la barrière
La ferme à Vernon - 1932
Placée au premier plan de la composition, la barrière dont les montants sont coupés par les bords de la toile joue ici le même rôle que la fenêtre ouverte que l'on trouve dans de nombreuses toiles
Bonnard se sert de la barrière pour structurer son tableau mais aussi pour séparer deux univers distincts
Elle constitue une frontière tangible entre intérieur et extérieur
Devant la ferme comme devant la toile nous nous retrouvons exclus, simples « regardeur »
Cette petite ferme normande dont les dépendances sont déjà en ruine semble abandonnée
Pourtant on distingue la silhouette d'un homme en train de faire du feu
En haussant les tons Bonnard retiens la leçon de Delacroix pour qui « on ne fait jamais assez violent »
Le grand nu jaune - 1931
La position du modèle est empruntée à la Vénus des Médicis
Le corps de la jeune femme vu à contre-jour est balayé par la diagonale d'un rayon lumineux qui provient de la fenêtre à droite
Tout est devenu jaune
Dans cette toile vraisemblablement inachevée la couleur devient une sorte d'équivalent poétique de la lumière
Bonnard prend soin de rendre les ombres, les reflets et les différentes intensités colorées
Il laisse des zones en réserve : les rideaux, la table, le linge posé sur le fauteuil
Le geste de la jeune femme qui porte des souliers à talons est très personnel
Un marchand de l’artiste lui disait devant une toile de Signac « il y a beaucoup de jaune ».
Bonnard répondait « O n'en met jamais trop »
Cabanon au Cannet - 1933
Bonnard avait de l'attirance pour le Cannet
Bon air pour la santé fragile de Marthe
Vue magnifique sur Cannesl la baie et les montagnes de l'Esterel
L'extrême variété des motifs, perçus différemment selon les saisons lui fournira assez de matière pour le reste de sa vie
Au cours des années 30 sa palette devient plus vive et ses compositions plus hardies et plus simples
Il note sur une feuille qu'il envoie à Matisse quatre catégories de paysages
« paysage à espace avec fond intéressant, paysage intime avec objets expressifs,
paysage avec effet de lumière prédominant,
paysage décoratif peu de ciel »
Vase de fleurs - 1933
Bonnard a le don d'illuminer une pièce et d'y faire pénétrer les parfums de la campagne par la grâce d'un bouquet de fleurs, simples fleurs des champs
Disposées dans un vase décoré de cerises gagné dans une loterie foraine ces fleurs rappellent le besoin de liberté et d'évasion de l'artiste
Son art « s'évade comme en se jouant d'une réalité dont il ne peut se passer »
Dans un vase prolongé par son reflet sur la table s'échappent en tous sens des tiges ponctuées de taches colorées
A gauche le fauteuil est tronqué tout comme le coquelicot à droite
Dans la partie supérieure droite une silhouette quasi spectrale
C'est probablement Marthe qui apparaît dans ce halo de lumière
La table et le jardin -1934
Alors que Matisse simplifie et oppose brutalement les formes Bonnard semble s'avancer presque timidement vers les objets, les explorer un à un
Il ne touchera rien de ce que le hasard de la circonstance a rassemblé dans la lumière
La composition donne l'impression d'une liberté totale même si l'on peut trouver une intention à la disposition des objets placés sur la table, par exemple les deux pots créent une diagonale accentuant l’impression de fuite vers le paysage
Il n'y a pas de continuité entre l'intérieur et le paysage
Bonnard donne beaucoup moins d'importance aux paysages qu’à la table
La baie de Cannes - 1935
Comme dans » la Côte d'Azur » de 1923
Un fouillis de verdure à l'avant-plan, un bosquet d'oliviers à gauche, un palmier à droite et dans la percée médiane une succession de toitures qui se fondent peu à peu dans les lointains bleutés
Effet de papillotement de l'arbre blanc et bleu sur la gauche
Une brume humide couvre la mer aux contours imprécis
Végétation luxuriante et éclatante presque déjà près de se flétrir
Une atmosphère argentée
Coin de table - 1935
Bonnard a été frappé par l'effet que créait l'alignement des objets (coupe de fruits, boîte et corbeille) se détachant sur une nappe blanche et un tapis de table d'un rouge intense
L'assiette en bas à droite le dossier de chaise en haut à gauche équilibrent la composition en diagonale
Bonnard affectionne les compositions en diagonale qui donnent de la profondeur au tableau
Les objets sont vus en plan et la lumière qui les frappe et zénithale
Les couleurs sont de pure convention et il est difficile de distinguer les fruits et même de distinguer les fruits du panier ou de l'ombre projetée
Le coin de table -1935
Bonnard présente la table en diagonale et la fais filer à travers la composition
C'est un moyen de ne pas arrêter la composition, de suggérer qu'elle se prolonge au-delà des limites du cadre
Mais alors que Matisse et Monet insistent sur le mouvement de fuite en diagonale, souvent par la présence d'un couteau vu à plat sur la table, Bonnard s'emploie à le contrarier
Le superbe aplat rouge qui borde la table se rétrécit brusquement
Les fruits et les plats sont présentés de manière frontale et étagés en hauteur et leur ombre est projetée de façon horizontale de manière à interrompre le mouvement ascendant du tableau
Les objets semblent n'avoir pas de poids et reposer à peine sur la table au-dessus de laquelle leur ombre les soulève
Le résultat donnerait une impression de maniérisme si la couleur n'était aussi puissante et joyeusement affirmée
Le jardin -1935
A la grande nature et aux vastes horizons Bonnard a toujours préféré le monde familier du jardin où on laisse passer les heures
Les amis du peintre ont souvent décrit l'extraordinaire fouillis végétal qui entourait la petite maison du Cannet
Bonnard aime fort le jardin qui sent le sauvage
Pour Bonnard on ne regarde pas la nature comme un spectateur, on vit au milieu d'elle, on a le sentiment d'être au centre d'une germination bourdonnante et confuse
Il existe bien la perspective du chemin mais cette perspective est fausse et le chemin semble monter à travers la toile et non pénétrer dans le jardin
Les formes sont à peine identifiables et deviennent des masses confuses zébrées de touches et de filaments colorés en apparence incohérents et juxtaposés avec gaucherie
Le tableau n'a pas de centre, paraît à peine composé, part toutes les directions et la toile est entièrement recouverte de tâches et de formes à travers lesquelles l'air ne circule pas
Si l'on devine le ciel à travers les feuillages celui-ci apparaît en haut et à droite comme une zone de couleur mise sur le même plan que les autres
On peut sans doute parler d'abstraction à propos de ce tableau
Le désir d'exprimer, non l'apparence des choses mais la poussée de la vie organique et l'émotion qu'elle éveille en nous a fait exploser tous les principes de la composition classique
Le petit pont - 1936
Ce panneau décoratif fut réalisé pour le palais de Chaillot
Des arbres qui n'ont jamais existé que dans l'imagination du peintre entourent une prairie ou une rivière, on ne sait pas trop où batifolent des canards, des moutons, une vache et un âne
Sous le pont apparaissent divers personnages dans les positions les plus imprévues et les plus contraires aux lois de l'équilibre et de la pesanteur
Bonnard n'est jamais allé aussi loin pour la gaucherie volontaire du dessin, le désordre de la composition et l'arbitraire de la couleur
Cette vision idyllique évoquée selon les procédés d'un primitif a d'ailleurs beaucoup de charme et de fraîcheur
Le petit pont et la seule commande dont l'Etat ait jamais honoré Bonnard
Nu dans la baignoire - 1937
Bonnard a repris la même composition que dans un tableau précédent
Il a seulement élargi la scène et donné une plus grande importance au reflet lumineux des carreaux de la salle de bain qui deviennent le sujet principal du tableau
Le tableau est construit sur le rapport de deux couleurs le bleu et le jaune
En bas domine le bleu et en haut conformément à la logique du rayon lumineux qui parcourt la pièce ce devrait être le jaune mais la composition risquerait d'être ainsi divisée mécaniquement en deux parties et Bonnard a coupé la partie supérieure du ton bleu de bandes verticales qui l'équilibrent en hauteur et se perdent dans la masse plus sombre de l'eau
La composition est animée par le fait que la baignoire se perd dans la gauche du tableau et que le rayon lumineux circule de gauche à droite dans un mouvement d'ellipse
Ce rayon lumineux accroche des reflets dorés sur la partie supérieure de la baignoire et la chevelure de la jeune femme
Il vient se perdre de la façon la plus harmonieuse dans le poudroiement bleu et or du carrelage
Nu dans le bain - 1936
Dans ce tableau la perspective se fait étrangère
L’huile prend des légèretés d’aquarelle
Ce nu qui a perdu tout poids et toute consistance n'est plus qu'une ombre mauve qui semble se dissoudre dans l'eau
L’harmonie est à base de bleu et de jaune, rompue par deux plages de blanc (le flan de la baignoire et le triangle en oblique d'un tapis de bain) et par l'ombre rouge vif des pieds de la baignoire
Les carreaux de faïence semblent devenus, par la magie de la palette les tessières d'une mosaïque dont l'effet de réfraction confond ce qui est lumière et ce qui est couleur
Le jardin - 1936
La végétation est somptueuse
A son habitude Bonnard juxtapose les touches de couleur de façon à obtenir une surface absolument continue
Une petite tache bleue en haut à droite représente certes le ciel mais elle n'indique, pas plus que le chemin, la profondeur du champ de vision
Tous les éléments de la composition sont confondus, superposés et non distribués en profondeur
Au fur et à mesure que passe le temps les œuvre de Bonnard se saturent de ton toujours plus riches et s'orientent vers l'abstraction
Nature morte aux fruits - 1936
La composition est centrée, exceptionnellement équilibrée et classique
Les plans se succèdent avec rigueur et le vide laissé dans la partie supérieure droite est comblé par une assiette remplie de raisins d'or et de citrons à laquelle fait pendant à l'avant-plan la large plage blanche de la nappe
Bonnard dépeint des objets ordinaires, seule la corbeille à anse apporte une petite touche recherchée
Chaleur des rouges, des orangers, de l'or, acidité des verts
Bonnard « Il s'agit de se souvenir ce qui vous a saisi et de le noter le plus vite possible »
Nu gris de profil - 1936
Le Bosquet et pour Bonnard une source d'inspiration permanente
Il a représenté 59 toiles de la salle à manger et 15 de la salle de bain
Bonnard revient au grand format en hauteur qu’il a souvent pratiqué avant 1900
Vu de profil dans une position statique qui rappelle la statuaire grecque, le corps élancé de cette jeune femme occupe toute la verticalité de la toile
Son allongement se trouve renforcée par les nombreuses verticales que l'on trouve dans la composition : pieds de la chaise et de la table de toilette et pans du rideau de la salle de bain
Des reflets blanc bleuté scandent les cuisses les fesses et le ventre du modèle
Le profil de visage est souligné par une ombre rouge
« Bonnard reste épris d'un monde charnel sensible à la matière, à l'épiderme de toutes choses »
Le golfe de Saint-Tropez - 1937
Bonnard sait rendre cette heure qui n'appartient qu’à ceux qui aiment la mer
Le golf est saisi au moment où les éblouissements dissolvant les apparences laissent l'oeil se noyer dans une couleur qui semble avoir été solarisée
Cette harmonie dorée n’est brisée que par la ligne lointaine du paysage ferment l'horizon et la présence en haut à gauche d'une forme noire soulignée par le rouge qui se reflète dans l'eau, peut-être un nuage
Champ coloré unifié et quasiment abstrait, organisé en trois bandes horizontales
Au premier plan surgissent quelques silhouettes de baigneurs qui assis sur les rochers s'apprêtent à contempler le coucher du soleil
Ce paysage cristallise la dichotomie inhérente à l'art de Bonnard entre l'éphémère et le permanent entre le réalisme et l’idéalisme
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Chardin multiplie les objets ce qui rend plus délicate leur disposition dans l’espace
Menu de maigre
Chardin dispose avec attention la nourriture des jours de maigre (maquereaux, œufs, poireaux) d’une couleur chaude
Des gris
Chardin multiplie les objets ce qui rend plus délicate leur disposition dans l’espace
Menu de maigre
Chardin dispose avec attention la nourriture des jours de maigre (maquereaux, œufs, poireaux) d’une couleur chaude
Des gris
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