Le pèlerinage à l’île de Cythère
Ce célèbre tableau fut présenté comme morceau de réception à l’Académie lors de la séance du 28 août 1717
Influence de Rubens pour les figures, de Véronèse pour la splendeur des costumes, de Léonard de Vinci pour le paysage aux lointains brumeux
La composition se déploie autour d’un jeu complexe de courbes ascendantes et descendantes
ANTOINE WATTEAU 1684 - 1721
L’écureuse de cuivres
Watteau est ici à la recherche de sa technique, étudiée d’après les maîtres flamands et hollandais mais aussi italiens et français de la couleur, et montre déjà sa virtuosité
Watteau est ici à la recherche de sa technique, étudiée d’après les maîtres flamands et hollandais mais aussi italiens et français de la couleur, et montre déjà sa virtuosité
Arlequin empereur dans la lune
Passionné par le monde du théâtre, Watteau a souvent traité ce thème au cours de sa courte mais prestigieuse carrière. Il s'est principalement inspiré du théâtre de rue, des foires de Saint-Germain et de Saint-Laurent, marquant une nette préférence pour le théâtre italien, la commedia dell'arte
Sur un fond sombre et épuré où l'on devine quelques éléments de végétation, quatre personnages occupent l'espace. A gauche, on peut reconnaître le mezzetin, le valet toujours amoureux et sentimental, en costume rayé avec sa fraise blanche, coiffé d'un chapeau souple tombant sur l'arrière de sa tête ; Colombine, la femme de chambre toujours amoureuse et qui n'a pas sa langue dans sa poche ; le Dr Boloardo en costume noir, passionné d'astronomie, qui pense que la lune est habitée. A droite, leur faisant face, Arlequin est assis dans une carriole à soufflet, tirée par un âne qui regarde le spectateur affligé, annonçant la farce.
Les comédiens sur le champ de foire
La facture très soignée, la délicatesse de certains morceaux et la multiplication des groupes de personnage donnent le sentiment qu’il a voulu faire de cette toile la synthèse de son répertoire de l’époque consacré au monde du théâtre
La mariée de village
Un cortège nuptial s’avance par beau temps vers une église palladienne aux proportions presque féériques
Ce village avec son pin bien évidence est le cadre idéal pour des campagnards vêtus de soie et cristallise toutes les associations liées à l’Italie et au Sud
Une voiture traverse le village tandis que ses occupants regardent avec curiosité les villageois
Le tableau repose sur un sens du théâtre et offre un aperçu d’ensemble sur la vie humaine
Le singe sculpteur
Le reproche adressé à l’art de « singer la nature » est un lieu commun des discussions esthétiques du début du 18ème siècle
Watteau apporte à travers ce tableautin satirique sa contribution à cette mode même s’il s’est toujours montré peu enclin aux théorisations et aux débats d’idées
Le dénicheur de moineaux
Sous-entendus érotiques : les roses cueillies
Vivacité de la touche
Gamme chronique aux tons clairs
Jolie nuance rose de la robe de la jeune « bergère »
« La partie quarrée »
L’artiste a placé, face à un décor naturel, quelques acteurs de la Comédie-Italienne dans une lumière crépusculaire dont les reflets font scintiller les satins et les soies
La composition d’une grande rigueur est divisée en parties inégales par les verticales que forment, d’une part, la jeune femme à la jupe jaune et le pilier surmonté d’un vase, d’autre part, le Pierrot vu de dos
Plusieurs motifs que nous retrouverons : la jeune fille à l’éventail et l’éventail lui-même
Dans son Dictionnaire de 1690 Furetière définit la partie carrée comme « celle qui est faite entre deux hommes seulement pour quelques promenades ou quelques repas »
L’enchanteur – Le charlatan
Debout, au centre, le musicien accorde sa guitare, tout en cherchant à se tourner vers une jeune femme qui dirige son regard vers le spectateur
L’autre femme assise à côté d’elle semble surtout prêter attention à l’homme appuyé sur le tronc d’arbre
Le musicien est ainsi isolé des trois autres figures dont il cherche vainement à capter l’intérêt
L’aventurière
Vêtue d’un théâtral costume d’écuyère, avec un nœud rose à la taille, un chapeau à plumes et une casaque bordée de fourrure, l’héroïne tient crânement son poing droit sur sa hanche et appuie sa main gauche sur une longue canne
Les thèmes de la musique et du théâtre sont implicitement associés à ceux de la tromperie et de la séduction
Voulez-vous triompher des belles ?
Arlequin conte fleurette à une belle
Il est assis auprès d’elle au pied d’un terme
Dans le fond une compagnie qui forme un concert
La guirlande de rose enroulée autour de la statue symboliserait la promesse de bonheur faite par Arlequin à la jeune fille
La Conversation
Evocation raffinée des plaisirs de la discussion et de la promenade, la toile met en scène dans un bosquet éclairé d’un soleil automnal, plusieurs couples élégants
La haute société française et européenne du 18ème siècle attachait de l’importance à l’art de converser
Le contrat de mariage
Maîtrise dans le rendu des figures et leur répartition dans l’espace
Influence flamande dans la densité de la composition et la gaité des personnages et la couronne de fleurs au-dessus de la mariée
Le rideau rouge placé derrière le couple met en valeur la phase juridique de la cérémonie, également soulignée par le notaire tenant une plume d’oie à la main
L’aspect religieux est discrètement suggéré par l’église apparaissant à l’arrière-plan à gauche
Assemblée près de la fontaine de Neptune
Des couples élégamment habillés se promènent ou conversent à l’ombre de grands arbres au riche feuillage
Au premier plan à droite un homme tourne la tête vers le spectateur tandis que sa compagne garde le visage fixé sur une magnifique cascade
La perspective
Le paysage serait inspiré du parc de Crozat à Montmorency
Construction spatiale rigoureusement symétrique atténuée cependant par les contours irréguliers des arbres qui masquent sur la droite les colonnes et par l’éparpillement irrégulier des personnages dont l’artiste varie habilement les poses et les activités
Lors de son séjour à Montmorency Rousseau fut logé dans un édifice isolé qui était au milieu du parc
« Le parc n’est pas en plaine. Il est inégal, montueux, mêlé de collines et d’enfoncements. Ce parc est entouré dans le haut par la terrasse et le château »
Femme nue et couchée
Watteau était fasciné par le nu féminin
Watteau allie le sens de la couleur de Rubens et la qualité de l’épiderme
Grande sensibilité visuelle pour la carnation humaine
La rareté de ses nus reflète peut-être une sorte de pudeur, née d’un désir trop violent que le spectacle des surfaces palpitantes suscitait en lui
Les statues de ses parcs si peu froides attestent qu’il ne pouvait contenir son trouble que lorsqu’un corps était supposé de pierre
Jupiter et Antiope
Le spectateur est placé dans une position de voyeur face à cette jeune fille endormie, au bras languissamment abandonné au bord d’un ravin, au visage presque enfantin, dont la chair nacrée et laiteuse offre un contraste saisissant avec celle, ambrée, du satyre
Allégorie de l’été
La saison est représentée sous les traits de Cérès la déesse des Moissons,
La chaude lumière dorée qui baigne la composition, l’harmonie chromatique à base de rose, de bleu et de jaune, la sensualité élégante des personnages, sont emprunté à la peinture vénitienne, plus précisément à Véronèse
Format ovale dont la courbe est reprise dans le tracé du visage de la déesse, la tête du lion et la lame de la faucille
Souplesse de la pose de Cérès
Son expression grave est nuancée par un air mutin, aux antipodes de toute solennité pompeuse
Diane au bain
La mythologie, très discrètement évoquée par le carquois et les flèches, sert de prétexte à l’exaltation du nu féminin
Simplicité rigoureuse de la composition
Qualité de l’éclairage
Carnation nacrée
Mélange du blanc et du rose des étoffes sur lesquelles la jeune femme est assise et dont on retrouve l’écho dans le coloris des nuages
Séduisant visage à la chevelure ébouriffée
La halte à la fontaine
Les deux personnages principaux se découpent sur un vaste ciel nuageux
La jeune élégante à l’allure orgueilleuse ou apparemment indifférente tourne le dos au galant assis derrière elle mais s’efforce de le regarder sans bouger la tête
Le jeune homme se tient maladroitement penché vers elle
Le peintre s’attache à la définition des gestes et des attitudes : l’inclinaison de la tête par rapport à la nuque, la position des corps, la crispation de la main sur la robe trahissent les émotions qu’elles s’efforcent de cacher, tout en voulant donner une impression d’aisance naturelle
L’amour désarmé
Watteau nous présente « l’Amour redemandant son arc à sa mère qui s’en est emparée »
La composition est empruntée à un dessin de Véronèse
Les tableaux mythologiques sont assez rares dans la production de Watteau qui semble avoir abordé ce thème pour acquérir une place plus élevée dans la hiérarchie des genres à travers la présentation de nus féminins, très appréciés des collectionneurs sous la Régence
L’automne
La fluidité de la mise en page s’appuie sur le jeu subtil des courbes et des contre-courbes qui mettent en valeur la souplesse des pauses
La nature morte de fruits est un motif rare chez Watteau
On reconnaît sa manière dans les tonalités chaudes des carnations, la nervosité de la touche, la clarté de la gamme chromatique
Paysage à la chèvre
La touche vigoureuse et rapide, les architectures directement tracées au pinceau sont des caractéristiques du style de l’artiste
Influence de l’école hollandaise et vénitienne
Influence vénitienne dans la sophistication de la mise en page, les motifs de la chute d’eau, les gorges aux pentes abruptes, les hauts rochers couronnés de quelques bâtisses, le rougeoiement crépusculaire de la palette à base de bruns et de rouges
Récréation italienne
Les personnages représentés sont des acteurs de la comédie italienne
Au centre un musicien joue pour une jeune femme assise
Le couple central qui s’inscrit dans une pyramide est entouré de deux autres également assis sur le sol, enlacés dans des positions symétriques inversées
A gauche une statue symbolise le désir amoureux
L’étalement horizontal de la composition conduit le regard du spectateur d’un bout à l’autre de la toile de façon à le faire s’arrêter sur les principaux personnages et à lui suggérer l’opposition entre l’amour partagé des figures centrales et la solitude de la statue et du jeune homme en rouge et noir
La sérénade italienne
Au centre Pierrot joue de la mandoline pour une Colombine distante et réservée
Derrière eux pour avertir que l’amour est une folie un bouffon brandit son tambour
La scène est éclairée d’une pâle lumière automnale et peinte d’une touche légère dans des tonalités de marron sur lesquels se détachent le jaune du costume du fou et le blanc de ceux de Pierrot et de Colombine
Le donneur de sérénade, Le Guitariste
Assis sur un banc de pierre le musicien accorde son instrument tout en regardant vers la gauche peut-être en direction d’un personnage dont Watteau a simplement souhaité suggérer la présence
Le charme naît de l’élégance de la pose et de la belle palette aux tonalités brunes et roses
Portrait d’un gentilhomme
L’élégance et la richesse du vêtement semblent indiquer un personnage de la haute société dont il faut sans doute chercher le nom parmi les amis du peintre
Expression rêveuse et ambigüe, sourire énigmatique, finesse de la bouche
L’indiscret
Cette scène de genre grivoise sur le thème de la complaisance féminine envers le voyeurisme des hommes dévoile une facette méconnue de la personnalité de l’artiste
Le contenu érotique de la scène est souligné sans ambiguïté
Le fuseau et la quenouille sont des symboles phalliques souvent utilisés par les écrivains libertins du 18ème siècle
Le jeune homme peu absorbé par la musique pointe son flageolet vers les dessous de la fileuse maladroitement assise qui laisse faire tout en feignant de ne se rendre compte de rien
La marmotte, le Savoyard
Au 18ème siècle les montreurs de marmottes étaient nombreux à Paris et beaucoup étaient originaires de Savoie
Ils faisaient danser leurs animaux au son d’instruments de musique
Représentation réaliste d’un personnage de la vie quotidienne pour lequel l’artiste paraît manifester une certaine sympathie
Tableau à sous-entendus équivoques, le mot « marmotte » étant souvent employé chez les libertins pour désigner le sexe féminin
La symbolique du hautbois que le jeune garçon tient à la main est explicite
Mais Watteau donne une incontestable dignité à son modèle
A partir d’un motif banal le peintre a créé une image qui a fasciné par sa fausse ingénuité, la luminosité de la gamme chromatique, la rapidité des coups de pinceaux nerveux, la simplicité de la mise en page et surtout le regard mi-naïf, mi-interrogateur que le protagoniste fixe sur le spectateur
La proposition embarrassante
Face à un horizon dégagé un couple danse accompagné par une musicienne assise au premier-plan à gauche, vers laquelle se tourne une autre jeune femme
Derrière elles un adolescent observe la scène
On ne sait pas de quelle proposition embarrassante il s’agit exactement
Rien ne va au-delà de l’allusion
Les deux cousines
Un jeune homme aux cheveux ébouriffés offre des roses qu’il tient dans son manteau à une jeune femme
Elle en glisse une entre ses seins
Dans le langage des fleurs la rose offerte et acceptée « attestait l’amour partagé »
Finesse de l’exécution, nervosité du coup de pinceau, beauté d’une lumière grise et froide, audace de la composition divisée verticalement en deux
A l’entente et l’accord du jeune couple s’oppose la figure isolée de la jeune femme vue de dos, spectatrice impuissante et hautaine
Elle symbolise pour nous l’abandon, la solitude avec sa taille svelte, sa large robe beige rosé, sa petite coiffure et son port de tête
Par sa solitude elle nous laisse deviner sa tristesse alors que tout autour d’elle appelle au bonheur
Watteau aborde un champ inexploré avant lui par la peinture, celui de la mélancolie et du dédain
La leçon d’amour
Une sérénade galante unissant la musique et l’amour
Un musicien tire quelques accords de sa guitare, en adressant des regards à la compagne d’une jeune fille tenant une partition à la main, sur laquelle se penche un second jeune homme
Les roses tombées à terre manifestent l’acceptation des avances des deux jeunes gens
Une grande complicité semble lier les différents personnages
La composition joue de l’opposition entre la partie gauche où le musicien se détache sur un beau ciel clair et un paysage baigné de brume et la partie droite où les autres personnages se rassemblent devant d’épaisses frondaisons que vient seule interrompre une trouée de ciel au-dessus de la statue
Les Champs-Elysées
La dame vêtue de jaune qui regarde le spectateur et le tronc d’arbre qui de dresse derrière elle divisent l’espace en deux parties inégales
Au fond une trouée vient rompre l’épais rideau d’arbres tout en aérant la mise en page
Subtilité de l’éclairage finement tamisé en accord avec les tons automnaux de la palette
La finette
La finette tient à la main un grand théorbe de modèle italien
Dans une gamme presque monochrome elle accorde son instrument en se détachant sur des arbres baignés d’un éclairage crépusculaire
L’indifférent
L’indifférent peint dans une splendide harmonie rose, vert et gris argenté esquisse son pas face à la lumière du matin
Il adopte une position finement observée et parfaitement conforme aux lois de la chorégraphie
« Toute raison d’être du personnage est dans l’élan mesuré qu’il se prépare à prendre »
La gamme d’amour
Les thèmes de la musique et de l’amour se conjuguent au point de devenir inséparables
Les deux personnages pratiqueraient des variations sur un couplet, exercice musical exigeant un accord préalable entre la cantatrice et son accompagnateur et souvent prétexte à des sous-entendus galants
Le départ pour le bal
Le titre de ce tableau lui vient d’un poème qui conseille aux époux des deux jeunes femmes se préparant à rejoindre leurs amants de fermer les yeux
La critique n’a pu préciser s’il s’agit de départ pour le bal ou de retour du bal
Les plaisirs du bal
Plus de soixante figures occupent un espace relativement réduit et sont réparties avec habileté dans une mise en page aérée rendue très lisible par la savante alternance des vides et des pleins
A droite une niche flanquée de cariatides abrite un abondant buffet auquel répond la richesse des costumes
Musiciens, acteurs, danseurs, domestiques, enfants, spectateurs élégants, couples d’amoureux, animent une scène joyeuse sans débauche, virevoltante sans désordre, fastueuse sans lourdeur
La rêveuse
Son costume est un habit « à la polonaise » très en vogue sous la Régence dont la tonalité orange tranche sur le vert sombre des frondaisons et le bleu pâle du ciel
Assise dans une position instable la jeune femme fixe le spectateur d’un regard qui ne laisse rien transparaître de ses sentiments ou de ses pensées
L’expression du modèle est plutôt caractérisée par son intensité que par un quelconque aspect rêveur
Le pèlerinage à l’île de Cythère
Ce célèbre tableau fut présenté comme morceau de réception à l’Académie lors de la séance du 28 août 1717
Influence de Rubens pour les figures, de Véronèse pour la splendeur des costumes, de Léonard de Vinci pour le paysage aux lointains brumeux
La composition se déploie autour d’un jeu complexe de courbes ascendantes et descendantes
Assemblée dans un parc
Tonalité élégiaque, atmosphère désenchantée accentuée par la lumière automnale et crépusculaire
La construction spatiale est divisée en deux parties inégales par la ligne que forment le couple à l’extrême gauche et les hauts arbres qui le surplombent
Watteau dispose ses figures, dont il varie les attitudes pour mieux en suggérer les sentiments, de manière que le regard du spectateur soit mené des unes aux autres
Plusieurs petits groupes de personnages sont réunis dans une clairière, autour d’un étang
Le faux pas
Le contraste entre le visage cramoisi du jeune homme et la blancheur marmoréenne de la nuque de la jeune femme symbolise la tension émotionnelle de la scène
Rien ne laisse entendre que la résistance de la jeune femme soit réelle ou feinte
L’expression de son visage qui aurait donné la réponse demeure cachée
Watteau joue d’un érotisme mêlé de pudeur et nous laisse dans une incertitude calculée
Récréation galante
La théâtralité de la scène résulte de la présence de quelques figures rappelant celles de la comedia dell’arte, mais aussi du décor avec sa balustrade de marbre et la disposition presque symétrique des personnages le long d’un arc de cercle calé à gauche par le seul d’entre eux qui regarde le spectateur et qui semble l’inviter à une certaine distanciation
Derrière lui la composition se déroule de gauche à droite avec le couple vu de dos, les trois enfants jouant sur le rebord de la balustrade, le groupe pyramidal formé de musiciens, de chanteurs et d’enfants et enfin les deux danseurs
L’amour paisible
Simplicité élégante de la construction spatiale
Finesse de la touche
Chatoiement de la gamme chromatique
Sensibilité accrue pour la nature
Trouvaille du nœud noir du collier sur la nuque de la jeune femme brune assise à gauche
La toilette
Influence de Rubens dans la figure principale
Influence aussi de Bethsabée au bain de Titien et de Rembrandt
Pas de connotation biblique, il s’agit d’une scène intime de la vie quotidienne rendue avec sensualité selon un point de vue « en trou de serrure »
La jeune femme ne fixe pas vraiment le spectateur, son regard se porte légèrement plus haut
Les bergers
La richesse des habits trahit le fait que nous nous trouvons probablement face à des citadins venus se divertir à la campagne
Paysage aéré
Watteau a donné de la profondeur au splendide paysage naturel
L’escarpolette (la balançoire) symboliserait l’inconstance féminine
Les deux couples assis le succès promis aux séducteurs audacieux
Le joueur de cornemuse et le jeune homme allongé près du chien seraient l’emblème de la solitude
Les danseurs représenteraient l’union harmonieuse
Plaisirs d’amour
Attitudes variées des groupes de figures disposés en triangle
Importance du jeu des regards : le couple qui s’éloigne en se retournant vers ceux qui sont restés assis
La composition est construite de façon que l’œil du spectateur suive la rangée d’arbres en diagonale
Au centre le bleu pâle de la femme assise de dos fait écho à celui du ciel
Ampleur de conception du paysage
La statue sur le socle feint de mettre hors de portée de l’amour le carquois empli de flèches
Le prélude au concert
Au centre le joueur de théorbe tente d’accorder son instrument
L’attente du concert crée un sentiment de suspension qui donne sa signification à la scène
L’accord de musique difficile à trouver symbolise la difficulté à trouver un accord amoureux
Watteau aborde le thème de l’éveil de la conscience enfantine : tandis que l’une des deux fillettes continue de jouer avec son chien celle en robe rose se montre déjà intéressée par le monde des adultes
Le concert en famille
Watteau portraiturait des proches à qui il réservait une place dans ses compositions
Les têtes du tableau forment un peu plus de la moitié d’un ovale horizontal entourant la guitare
La musique occupe le point central
Divertissements champêtres
Une sorte de carte du tendre avec figures des multiples facettes de la séduction amoureuse à travers les attitudes très contrastées des différents groupes de personnages depuis la conversation paisible de ceux qui sont assis au pied de la statue jusqu’à la danse animée du couple apparaissant derrière eux
Les groupes de personnages à l’arrière-plan, vus de plus près, contrastent avec ceux du devant de la composition
Les charmes de la vie
Influence de Véronèse dans la figure du négrillon à droite
Au centre un joueur de luth accorde son instrument
Les autres personnages lui prêtent peu d’attention
La guitariste assise se tournent vers les enfants qui jouent
Les deux jeunes gens derrière elle sont tout entiers à leur conversation galante
Le serviteur noir nettoie ses bouteilles dans un large récipient
Le pèlerinage à l’île de Cythère
Version de Berlin différente de la version de Paris
Une imposante statue en pied de Vénus
Vaste étendue de ciel à l’arrière-plan
Personnages nombreux
Amours voletants à droite
Un couple d’amoureux surmonté de putti
Derrière eux un jeune homme verse des roses dans le tablier d’une jeune fille
Un bateau avec un mât, une grande voile et des passagers
Fêtes vénitiennes
Watteau a exceptionnellement choisi un format en hauteur pour ce tableau à personnages multiples
Il oppose la haute stature des arbres imposant le respect aux agissements humains
La figure centrale est une danseuse en robe blanche et manteau bleu, qui met en valeur un énorme vase de pierre couronnant un pilier
Une statue de nu, Aphrodite émergeant des vagues, qui est reliée à la danseuse par le geste de la main d’un gentilhomme dont la tête est rejetée en arrière
L’amour au théâtre français
Des acteurs du théâtre français qui semblent être en train de répéter ou de jouer
Les personnages sont disposés le long d’un arc de cercle et nettement séparés entre les musiciens, à gauche dans l’ombre, et les comédiens à droite en pleine lumière
Elégante danseuse mise en valeur par les éclairages
Elle esquisse un pas en direction de son partenaire l’homme en rouge vu de dos
Par sa précision chorégraphique Watteau obtient un effet de légèreté
L’amour au théâtre italien
On aperçoit Pierrot avec sa guitare et Colombine
Seul tableau nocturne de Watteau
L’œuvre joue du contraste entre la lumière froide de la lune et la lumière chaude de la torche et de la lanterne, entre l’éclairage artificiel et l’éclairage naturel
Ces effets de lumière repoussent le décor dans l’ombre et rehaussent le visage de la plupart des comédiens tout en donnant à la scène un caractère presque irréel
Mezzetin
Mezzetin est une figure de la Comédie Italienne, le valet sentimental et rival traditionnel d’Arlequin
Les mains du modèle ont toujours été admirées
La position des doigts a permis aux musicologues d’imaginer les sons produits
Leur aigreur pourrait traduire les peines de cœur du protagoniste
Watteau aime représenter les comédiens, les musiciens et les danseurs lorsqu’ils sont sortis de scène
La Sainte Famille
Influence de Van Dick
Dynamisme d’une mise en page toute en ondulations et en mouvements, stabilisée par la disposition pyramidale des figures
La composition dirige le regard du spectateur vers la tache blanche formée par la colombe
Jésus, assis sur le socle de la colonne, est un bambin joufflu tout droit venu de la peinture flamande
Plus que des allusions à la transcendance, le peintre a davantage évoqué les liens affectueux qui lient une famille de mortels
Pierrot
Gilles
Pierrot est une figure traditionnelle de la commedia dell’arte que l’on rencontre souvent dans les tableaux de Watteau
Le format de l’œuvre (185*150) et sa monumentalité n’ont aucun équivalent dans les autres productions de l’artiste
Multiplication des ovales autour du visage : la collerette, le chapeau, la calotte
Multiples nuances de blanc du vêtement satiné aux plis cassants
L’expression de Pierrot (autoportrait déguisé ?) est d’une telle subtilité qu’on peut y voir une des gammes de sentiments les plus fascinants de toute l’histoire de la peinture
Marcel Carné l’a réinterprété dans « Les enfants du paradis »
La danse
Influence des frères Le Nain
Une petite fille, le regard fixé sur le spectateur, s’apprête à danser accompagnée de trois autres enfants
La précision de la description du visage de la fillette pourrait traduire l’intention de faire son portrait
En bas à gauche le bouclier sur son drap rose et la flèche posée à terre soulignent l’éveil des sentiments amoureux
La tonalité badine de certaines fêtes galantes se trouve ainsi transposée dans le monde de l’enfance
Bande d’enfants
La signification de la scène réside dans le jeu des regards échangés par les cinq enfants
Au centre un tout jeune Pierrot fixe le spectateur
Il est l’objet de l’attention des deux fillettes de gauche et de celle, debout à droite, qui tient la batte d’Arlequin
Derrière lui une autre fillette appuie pensivement la tête sur sa main
Tonalité de l’œuvre plutôt sombre, impression accentuée par le ciel chargé de nuages gris, le feuillage automnal et les expressions des visages figées ou graves
Watteau suggère sans insistance le sérieux des émotions et des pensées des enfants
Comédiens italiens
La composition un peu chargée ne nuit pas à la lisibilité de l’ensemble, acquise grâce au balancement équilibré des différents groupes de personnages, aux attitudes toujours variées
L’œuvre se réfère peut-être à la fermeture de l’Opéra-Comique survenue à la suite d’une longue rivalité avec la Comédie Française en 1719 et qui provoqua le départ pour Londres de nombreux comédiens italiens
Un critique a proposé de voir dans cette scène les comédiens réunis pour recevoir les applaudissements des spectateurs à la fin de la représentation
Les comédiens français
Cinq acteurs occupent la scène
La pièce qu’ils jouent n’a pu être identifiée
On a interprété la composition comme une allégorie du théâtre classique : à gauche des personnages de Racine, à droite des personnages de Molière
Les costumes et les gestes déclamatoires se réfèrent à un art dramatique qui devait sembler suranné aux contemporains de Watteau
L’architecture évoque celle du grand Trianon
On peut donc penser que le peintre a voulu tourner en dérision la pompe et l’emphase du théâtre en vogue à la cour de Louis XIV
Le rendez-vous de chasse
Evocation des plaisirs goûtés dans les bois autour de Paris
Watteau faisait des efforts pour trouver de nouvelles méthodes de définition du genre de la fête galante
A la fin de sa vie Watteau envisagea la possibilité d’élargir le registre de ses fêtes galantes
Watteau n’était pas très à l’aise avec la réalité concrète d’une scène de chasse
Trois chevaux occupent la droite du premier plan
Le jugement de Pâris
Lors de l’assemblée des dieux pour les noces de Thétis et de Pélée, Eris, déesse de la discorde lança au milieu d’eux une pomme d’or disant qu’elle devait être accordée à celle qui entre Vénus, Junon et Minerve serait jugée la plus belle
Personne ne voulut se charger du choix et Jupiter ordonna à Mercure de conduire les rivales sur le mont Ida, où Pâris trancherait le débat
Pour être choisie Junon lui promit l’empire de l’Asie, Minerve, la sagesse et la victoire dans toutes les batailles, Vénus, l’amour d’Hélène de Sparte
Le tableau montre le moment où la décision est prise
A gauche Pâris derrière lequel se penche Mercure tend la pomme d’or à Vénus, accompagnée d’un Amour ailé
L’enseigne
« L’enseigne » montre, vu de la rue l’intérieur d’une boutique richement achalandée
Sur la gauche un emballeur en chemise met en caisse un portrait (celui de Louis XIV) et un employé décroche une glace
Un portefaix contemple la scène
Un homme tend la main à une jeune femme en robe volante qui entre dans le magasin
A droite, vu de dos, un couple contemple un tableau ovale que lui présente le vendeur
Trois jeunes gens regardent un miroir à support que leur tend une vendeuse
La lumière de la rue donne ces tons gris-verts aux pavés de la chaussée
Les tableaux aux murs sont les œuvres de ses aïeux artistiques : les Vénitiens du 16ème siècle et les flamands du 17ème siècle
Watteau a peint ce tableau quelques mois avant sa mort